"Dans l'art de la composition florale, "l'œuvre intérieure" doit aller avec l'œuvre extérieure. C'est seulement ainsi que cet art peut exprimer la Totalité du ciel, de l'Homme et de la Terre."
La voie des fleurs, Gusty L. Herrigel
La voie des fleurs.
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Inspirations
La première inspiration vient de l'Ikebana, arrangement floral japonais structuré originellement autour de trois axes principaux, symbolisant le ciel, la terre et l'humanité. L'Ikebana, ou "voie des fleurs", vise à créer une harmonie, entre les lignes, les pleins et les vides, et les couleurs.
Cet art floral pris ses origines en Chine comme un élément des rites religieux, sous la dynastie Tang, puis sous la dynastie Song, cet art fut ensuite introduit au Japon au VIII ème siècle par des moines bouddhistes. Aujourd'hui il est considéré comme l'un des arts traditionnels japonais, au même titre que la cérémonie du thé et la calligraphie.
L'art de l'arrangement des fleurs peut être très codifié, composition et structures, nombres d'éléments présentés, symbolique des différents végétaux utilisés et corrélation entre eux. Toutefois de nos jours certains mouvements, ou styles, permettent une interprétation plus libre.
D'autre part dans mes travaux portant sur l'Ikebana, je porte également une importance particulière au vase qui accueille la composition. Dans mes dernières pièces, ceux-ci sont des représentations de vases chinois anciens, illustrant notamment l'utilisation de la glaçure célado
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Dans cet ensemble d'œuvres, sont abordées les notions de fragilité, d'éphémérité, de transformation, mais aussi, et comme dans l'ensemble de mes travaux, la place laissé au vide. Un vide trompeur, dans lequel se situerai l'immensité, l'indicible, l'intangible, un flot d'émotions, ou un silence apaisant.
Je vois ce vide comme un espace de respiration, où la pensée peut naviguer.
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L'arpenteuse.
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Inspirations.
Cet ensemble de travaux s'inspire en premier lieu de l'art japonais, et de la philosophie, du Kintsugi. Méthode de réparation apparue à la fin du XVème siècle, elle visait à réparer la céramique ou la porcelaine au moyen de laque saupoudrée de poudre d'or. L'objet brisé était alors magnifié par ces joints dorés, les cassures au lieu d'être dissimulées, semblaient ainsi offrir un renouveau et une continuité à l'objet dans son utilisation. Le Kintsugi rend hommage aux fêlures, illustrant de cette manière le concept de résilience. Contrairement à une pensée occidentale qui tendrait davantage à masquer les accidents, ici il est question de les accepter, et même bien au-delà, de considérer que ces blessures révèlent le caractère unique de chaque chose.
Pourquoi "L'arpenteuse"?
Définitions :
Arpenter : mesurer la superficie d'un terrain . Parcourir à grand pas un lieu. (cf. dictionnaire Larousse).
Arpenteur, arpenteuse : Professionnel des techniques géométriques de mesure des surfaces et des relèvements de terrain. (cf. dictionnaire Le Robert).
Arpenteuse: Chenille de la phalène (papillon géomètre), qui, pour progresser, replie son corps d'une manière telle qu'elle donne l'impression de mesurer le chemin qu'elle parcourt. (cf. dictionnaire Larousse)
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Dans ce projet "L'arpenteuse", il n'est pas question d'utiliser la couture comme ornement décoratif, mais bien comme porteuse de sens et de symbolique. J'ai souhaité respecter autant que possible la technique ainsi que l'idée qui définissent le Kintsugi en proposant une lecture et une interprétation personnelle au travers de ma pratique du dessin et de la peinture.
Le choix d'intituler ce projet "l'arpenteuse" se trouve au croisement de ces définitions. En effet, j'ai vu dans l'ensemble de ces fêlures, des blessures que nous portons en nous, une sorte de cartographie de notre être.
Dans ce travail artistique, long et minutieux, où je recouds à la main et au fil doré mes dessins déchirés, je me positionne comme l'arpenteuse.
Je chemine le long de ces cassures, j'en prends la mesure, ma main les parcourt, et la suture dorée une fois terminée, les révèle comme autant de routes singulières.
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Le processus de création de ces pièces laisse une place évidente à la temporalité.
Le travail de couture au fil d'or peut en effet être long et délicat, ce qui est le reflet, à l'échelle du dessin, du temps long de l'acceptation, de la reconstruction.
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